NICOLLET Jean Michel

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Jean-Michel Nicollet est né à Lyon en 1944. À douze ans, il est déjà passionné par l'illustration et la lecture. Il lit tout un tas de bouquins du 19ème siècle parce que les couvertures et les images l'intéressent et si par hasard, ça touche à l’aventure, alors sa passion est plus vive encore. Il sait très jeune qu’il veut intégrer ce monde de l’illustration populaire aussi le moment venu, il fait les Beaux-Arts de sa ville natale où il rencontre Jacques Tardi, puis ceux de l'école de Paris où il s’intéresse surtout à la peinture.
C’est un collectionneur de littérature fantastique, mais à l’époque il n'y a pas encore de support pour ce genre d’illustration. Le cinéma aussi l’intéresse énormément. Il a dû voir tous les films de la Hammer et un paquet de films fantastiques et expressionnistes allemands. Deux films l’ont particulièrement influencé, La Maison du diable de Robert Wise et Le Carnaval des âmes de Herk Harvey. D’ailleurs il reprendra par la suite les ambiances et la sensation curieuse que lui ont procurée ces deux films pour élaborer ses dessins.
Au début des années 70, il choisit de se diriger vers l'illustration et collabore à diverses revues dont Playboy, Lui, Cosmopolitan, 20 ans, tout en réalisant à côté quelques travaux publicitaires notamment dans le milieu médical. Si c'est la littérature qui le passionne, les événements de 1968 le conduisent à s'investir davantage dans les "arts médiatiques".
Il publie ses premières illustrations dans la presse et réalise ses premières couvertures dans l’édition pour la collection Folio chez Gallimard, pour Denoël ou pour Balland. En 1972 il conçoit, pour l'éditeur américain Harlin Quist, l'iconographie du Conte de Ionesco N°4. Il réalise ses couvertures aux pinceaux et à l’acrylique, sur toile ou sur carton, mais pour l’instant ses travaux restent assez classiques. Pourtant, peu à peu, il affirme son goût pour le fantastique et la science-fiction.
C’est sa rencontre avec les Humanoïdes Associés au milieu des années 70, qui va lui donner la possibilité de donner libre-cours à sa passion, la science-fiction et le fantastique. En effet, la création de Métal Hurlant en 1975 va changer la donne. Il est très copain avec Philippe Druillet et Tardi, avec qui il partage son atelier, alors Jean-Pierre Dionnet cofondateur du magazine, lui propose de les rejoindre. En 1977, quand il commence ses dessins avec eux, il perd aussitôt son ancienne clientèle chic, mais au moins il est dans un milieu qui lui plaît. Il fait plusieurs couvertures pour Métal Hurlant qui vont lancer sa carrière professionnelle d’illustrateur.
Il va produire de nombreux dessins dans les domaines de la science-fiction et du fantastique pour de nombreuses maisons d’édition comme Laffont ou pour la jeunesse comme celles de Chair de Poule aux Editions Bayard ou encore pour la collection Titres-SF chez Lattès. Les éditions NéO l’appellent un peu plus tard pour prendre en charge les couvertures de la collection "Fantastique. Aventures. SF". Il fera plus de 400 dessins chez eux, dont 220 couvertures.
Il réalise également plusieurs ouvrages. Le Diable (Humanoïdes Associés 1978), un poster book avec des scènes érotiques et le diable représenté sous toutes ses formes. Ténébreuses affaires (Humanoïdes Associés 1979), succession de courts récits fantastiques scénarisés par Picaret et lui-même. Fungi de Yuggoth ou Poèmes de Lovecraft (Neo/Arkham 1986). Harry Dickson (NéO 1985-1986) sur un texte de Marie-Paule Vandunthum et Gérard Dôle. Avec sa compagne illustratrice et dessinatrice de bande dessinée Keleck, Le Rejeton de l'univers (Humanoïdes Associés, 1980) et Ersatz (Walter 1981). Apparitions (Edite 2006) dans lequel l’artiste présente sa vision du surnaturel. Miroirs (Zanpano 2009) un recueil d'illustrations.
En 1979, il obtient le Premio Grafico Fiera di Bologna per l'Infanzia, de la Foire du livre de jeunesse de Bologne en Italie, pour Histoire du petit Stephen Girard de Mark Twain, qu'il a illustré.
Il travaille ponctuellement pour le cinéma, en réalisant en 1985 des dessins préparatoires de quelques plans pour le film Le Nom de la rose de Jean Jacques Annaud et en travaillant en 1986 sur des rideaux de scène pour le film d'Alain Resnais, Mélo. Par la suite, il réalisera des décors pour des films vidéo publicitaires. Il s'intéresse également à l'écriture, puisqu'en 1988 il participe à la direction littéraire d'une collection de romans noirs "Sombre crapule", aux éditions Crapule.
Jean Michel Nicollet enseigne entre 1984 et 2013 à l'Ecole Emile Cohl de Lyon.
Le naturel reprenant le dessus, il renoue avec la peinture tout en poursuivant ses travaux d'illustration et réalise plusieurs expositions dont une à la galerie Escale à Paris en 1992.
L’âge d’or où on dessinait les couvertures des livres à la main lui semble révolu, mais Jean-Michel Nicollet est toujours actif, comme un volcan effusif qui continuerait de déverser sa lave acrylique pour brûler les yeux et glacer le sang des lecteurs. Il vit dans son appartement du 14ème arrondissement de Paris au milieu des créatures surnaturelles, d’un certain Satan trônant en majesté et de la littérature SF dans son ensemble.