SORAYAMA Hajime

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Hajime Sorayama est né en 1947 à Ehime au Japon. Dernier fils d'un charpentier, il étudie au lycée Imabari Kita où il commence à dessiner des pin-ups inspirées du magazine Playboy. En 1965, influencé par le livre de Makoto Oda, Nandemo mite yaro ("Je vais tout voir"), sur ses voyages à travers l'Europe et l'Asie, il s'intéresse à la Grèce et entre à l'Université Shikoku Gakuin, pour y étudier la littérature anglaise et le grec ancien. Il ne pourra malheureusement pas apprendre le grec, le professeur étant parti peu de temps avant son arrivée.
En 1967 lorsque, Pink Journal, le magazine scolaire qu'il a fondé est fortement critiqué par les enseignants et les étudiants, il quitte l’université et intègre la Chuo Art School de Tokyo pour étudier l'art. Il en sort diplômé avec les honneurs en 1969 et commençe à travailler dans le secteur de la publicité, ce qui s'avèrera être un avantage, car comme graphiste il a pris l'habitude de rendre les surfaces et les textures galvanisées. Cette expertise technique se transformera par la suite en une exploration créatrice de contrastes hyper-réels des surfaces picturales et hybrides, lorsqu’en 1972 il se lancera en tant qu'illustrateur indépendant.
Hajime Sorayama est principalement influencé de manière créative, par les années 1960 et il va établir sa position d'artiste légendaire au Japon et à l'étranger, armé de son sens étonnant des techniques d'expression réalistes. Son œuvre, centrée sur une recherche permanente de la beauté concernant le corps humain et la machine, reçoit une grande renommée internationale et sa série "Sexy Robot" (1978) lui permet d’assoir sa réputation mondiale. Ses "gynoïdes", des femmes cybernétiques sexy, qui intégrent la beauté esthétique du corps de la femme dans un contexte robotique deviennent une influence significative d’une ultérieure vision de l’imagerie robotique.
Le monde Unique de Sorayama est une expression contemporaine du Shunga, héritage de l'érotisme japonais, puisant dans la riche et sensuelle sphère de l'ukiyo-e, le mouvement artistique japonais de l'époque d'Edo. L’artiste se forgera ainsi une réputation très particulière pour ses illustrations de pin-up hyperréalistes mêlant érotisme, fétichisme et science-fiction.
En 1999, il remporte l’attribution du "Good Design" (du Ministère du commerce et de l’industrie) ainsi que le Grand Prix du Festival des Arts Médiatiques (de l’Agence des affaires culturelles) pour son travail en collaboration avec Sony, basé sur un concept de design pour leur robot "AIBO". En 2001, la première génération des "AIBO" est ajoutée aux collections du moment de l’institut Smithsonian et du Musée d’Art Moderne (MoMA) et au cours de la même année, Sorayama reçoit un autre prix pour son invention du Journal Asahi.
Le livre d'art de Sorayama Sexy Robot, publié en 1983 par Genko-sha, va rendre ses formes organiques-robotiques célèbres dans le monde entier et son livre suivant, Pin-up (Graphic-sha, 1984), continuera sur le même chemin. Son travail de pin-up apparaît mensuellement pendant des années dans les pages du magazine Penthouse et Playboy. En 1985, Sorayama publie la vidéo Illustration Video, son premier travail en dehors des livres d'illustrations. Cela met en vedette le travail qu'il a fait pour les films Brain Dead (1992), Timecop (1994) et Space Trucker (1995). On retrouve également ses oeuvres dans de nombreuses expositions, sur des cartes à collectionner, des tirages en édition limitée, des CD-ROM et il se fait également remarqué pour sa collaboration avec le célèbre groupe de rock Aerosmith pour son œuvre sur leur couverture d’album Just Push Play en 2001. Il publie de nombreux nouveaux livres dans les années 1980, 1990 et même après, comme par exemple Sorayama: Complete Masterworks sorti en 2017.
L’influence des travaux de Sorayama s’est étendue très loin au-delà des frontières des œuvres commerciales du Japon, avec un impact sur le monde d’Hollywood, celui du Street Art et le royaume des beaux-arts. En 1994, à titre d’exemple, il est invité à prendre la parole lors d’un séminaire de l’Industrial Light & Magic (ILM), la société d'effets spéciaux de cinéma américaine créée en 1975 par George Lucas.
Il indique régulièrement, qu’il s’est tourné vers l’aérographe avec pour modèles les travaux de l’illustratrice Harumi Yamaguchi et que les techniques de l’instrument lui ont permis d’améliorer son style de dessin, ses recherches sur l’hyper réalisme et son soin maximal pour les détails, mais il passe souvent sous silence son utilisation de pinceaux de maquillage Kabuki spécialement modifiés.
Concernant les possibilités des peintures réalistes, il confesse que cela lui permet de représenter les personnages dans des postures acrobatiques qui sont absolument impossibles à réaliser avec la photographie et lui donne l’opportunité de créer des costumes qui n’existent pas dans la réalité. De plus, il peut modifier les corps sans être confiné à des limites anatomiques et a la liberté de coller et de composer de belles femmes en accord avec ses goûts. C’est certain que c’est une quête inépuisable pour l’esthétisme, mais c’est aussi ce qui a donné naissance à ces inventions.
Malgré sa renommée spécialisée pour la création de cyborgs autonomes, transmettant un sentiment de puissance plutôt que d'objectification, Sorayama a également rencontré un succès commercial grand public. Sony, reconnaissant son talent, l'a sollicité pour concevoir les premiers concepts de son chien robotique AIBO, qui a remporté le prestigieux grand prix du Japan Good Design Award en 1999.
Au-delà du domaine de l'illustration, Sorayama a collaboré avec des figures influentes de l'industrie de la mode, dont Thierry Mugler et Dior. Ces collaborations ont étendu la portée de sa vision artistique aux domaines de l'art vestimentaire, de la sculpture et de la performance, mettant en valeur la polyvalence et l'attrait étendu de son talent créatif.
Aujourd'hui Hajime Sorayama vit et travaille à Tokyo.