STRUZAN Drew

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Drew Struzan est né le 18 mars 1947 à Oregon City dans une famille très modeste. Dès le début de son enfance on le considère comme l'un de ces enfants au talent particulier, disant de lui qu’il dessinait pour communiquer alors même qu’il ne savait pas encore parler. Sa famille étant pauvre, le dessin devient vite son seul moyen de divertissement et comme il n’y a pas de papier chez lui, c’est sur du papier toilette qu’il s’exerce et améliore ses compétences.
C’est donc logiquement qu’à la sortie du lycée, à 18 ans, il s'inscrit à l'Art Center College of Design de Los Angeles. Là, un conseiller d’orientation l’interroge sur ses projets et lui explique qu'il a le choix entre les beaux-arts ou l'illustration, disant à Drew qu'en tant qu'artiste, il pouvait peindre tout ce qu'il voulait, mais qu’en tant qu'illustrateur, il pouvait peindre pour de l'argent. Le jeune Drew Struzan choisit immédiatement d'être illustrateur mettant en avant qu’il son besoin de manger.
Il se marie dès sa première année d’étude et devient père. En acceptant de petites commissions et en vendant à d’autres étudiants les tableaux qu’il peint pendant ses cours, il arrive tant bien que mal à payer ses études et quand il était viré d’un cours qu’il n’avait pas payé, il retournait quand même dans la classe mais en passant par la porte de derrière.
Il est finalement diplômé avec mention au bout de ses cinq ans d’étude et décide de compléter son cursus avec deux années d'études supérieures. Il retournera à l'école plus tard, après le déménagement du campus à Pasadena, pour enseigner durant une courte période.
Alors que les autres diplômés déménagent à New York pour travailler dans la publicité, Drew Struzan décide de rester à Los Angeles et se met à la recherche d’un travail, une lutte quotidienne, qui le fait passer régulièrement lui et sa famille sous le seuil de pauvreté, son travail d’illustrateur ne lui procurant pas ou peu de revenus. Coup de chance, l’ANPE locale lui trouve un emploi chez Pacific Eye & Ear, un studio de design, un travail qui s'avèrera être le bon choix. En effet, s’il passe ses journées à concevoir des pochettes d'albums sous la direction d'Ernie Cefalu, il sait que cette fois son travail est vu, imprimé et distribué et que cette diffusion sera la clé de sa future réussite.
Son travail commence alors à être reconnu et si des clients commencent à se renseigner à son sujet, même les studios de cinéma vont avoir vent de son travail, mais ce ne sera que bien plus tard qu’ils le contacteront, lorsqu’il aura déjà commencé son travail sur les affiches de films.
Au cours des 5 années qui vont suivre, il crée des illustrations pour les pochettes de disques de musiciens et de groupes comme Tony Orlando and Dawn, les Beach Boys, les Bee Gees, Roy Orbison, Black Sabbath, Glenn Miller, Iron Butterfly, Bach, Earth, Wind and Fire ou encore Liberace. Parmi celles-ci, il illustre la pochette de l'album Welcome to My Nightmare d'Alice Cooper, que le magazine Rolling Stone classera ensuite parmi les 100 meilleures couvertures d'album de tous les temps. Malheureusement, malgré la demande et la reconnaissance croissante de son talent, Drew Struzan ne gagne toujours qu’entre 150$ et 250$ par couverture d'album.
Avec un ami ayant une expérience dans l'industrie du cinéma, Drew Struzan fonde Pencil Pushers, une petite société de graphisme spécialisée dans la conception d'affiches de film, une collaboration qui durera 8 ans. C'est durant cette période qu'il perfectionne son style si distinctif et qu’il s’améliore dans l'utilisation de l'aérographe, au point d’être considéré aujourd’hui comme un Maître de l'outil. Ses premières œuvres pour des affiches de films commencent à apparaître en 1975, même si à ses débuts, il ne réalise principalement que des œuvres pour des films de série B, tels que Empire of the Ants, Food of the Gods ou Squirm. Mais il peut enfin vivre dignement de son travail puisqu’avec sa toute première affiche de film, celle de The Black Bird avec George Segal en 1975, il a gagné autant qu’en une année avec les pochettes d’albums.
En 1977 Charles White III, bien connu pour ses propres prouesses à l'aérographe, est engagé par David Weitzner, un des vice-présidents de la 20th Century Fox, afin de créer une affiche pour la nouvelle sortie de Star Wars prévue en 1978 par George Lucas. Charles White, mal à l'aise avec le portrait, propose alors à Drew Struzan de l'aider avec les personnages humains pendant qu'il s'occuperait des machines. Le "Circus" comme on l'appellera, est né. Il propose un style unique qui va durablement marquer les esprits et l'imagerie de la saga, jouant sur un support lui-même dessiné (celui de l'affiche sur un mur qui possédait déjà une vieille affiche), jouant ainsi sur le rôle des personnages, notamment celui d'Obi-Wan, légèrement effacé par rapport au reste.
Dès lors, Drew Struzan est appelé très régulièrement pour des illustrations de films aujourd'hui cultes créant ainsi pas moins de 10 affiches de films par an à la fin des années 80. Donc plus de 150 affiches dont la totalité des Retour vers le futur, Indiana Jones et Star Wars (les affiches des épisodes IV, V et VI de Star Wars ont été peintes à postériori, à l'occasion de leur ressortie en édition spéciale en 1997). Il a aussi réalisé, entre autres, les affiches de E.T. l'extra-terrestre, de Blade Runner, The Thing, Rambo, des Goonies, Police Academy ou Fievel. Ses illustrations ont tellement marqué les esprits que les sorties (ou ressorties) en DVD ont permis de mettre en avant d'autres affiches moins connues, mais que l'on croirait récentes tellement elles sont frappantes quant à la complexité de leur style.
Son style mélange peinture acrylique à l'aérographe et pinceaux de couleurs pour les finitions. Pour travailler, il se base sur des photographies et des modèles vivants, souvent les acteurs du film, mais aussi lui-même, ses amis ou des membres de sa famille. C'est ainsi que son travail est d'un réalisme saisissant ! Mais le point fort de cet artiste est également la vitesse avec laquelle il peut terminer une oeuvre. A titre d'exemple, les 3 affiches de Star Wars : Edition Spéciale ont été faîtes en 3 semaines seulement. Ou encore, pour les passionnés de John Carpenter, l'affiche de The Thing, a été conçue en une nuit !
Drew Struzan parvient alors à la notoriété et devient l'affichiste attitré de ces réalisateurs qui ont inauguré l'ère du blockbuster, Steven Spielberg, Robert Zemeckis et George Lucas en tête.
Avec l'avènement des ordinateurs et la manipulation numérique des images, l'intérêt pour les affiches peintes à la main décline tout au long des années 90. Tout en continuant à créer des œuvres d'art pour des films comme Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet, Hellboy et les deux premiers Harry Potter version US, il commence à explorer d'autres débouchés pour son travail, y compris les bandes dessinées, l'art en édition limitée et le marché des objets de collection, déplorant le déclin de l'art traditionnel et la transition de l'industrie vers la conception numérique. En effet, son travail ne trouve plus sa place dans le système hollywoodien de l'affiche de film, qui consiste essentiellement, selon lui, à se débarrasser de toute intervention et ambition artistique dans le processus de création des affiches. Pour être clair, cela signifie employer plutôt un petit malin derrière son ordinateur, qui sera beaucoup plus docile qu'un de ces artistes que personne ne comprend.
Après avoir achevé la vaste œuvre d'art requise pour la campagne d'Indiana Jones et du royaume du crâne de cristal et après le rejet de son affiche du Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro parce qu’elle ressemblait trop à une illustration d'art, raison qui d’après ses dires l’a dévasté, Drew Struzan annonce sa retraite en septembre 2008. Il en a assez lors des commandes d’affiches, d’être confronté à trop de gens qui exigent d’avoir le dernier mot et ne veut plus répondre à qui que ce soit. Mais il avoue que s’il ne peint pas, il ne sait pas quoi faire. Il peint donc tous les jours, mais cette fois il peint ce qu’il veut et ce qu’il aime.
Mais il ne s’agit en réalité que d’une semi-retraite car l’artiste continue son œuvre, autrement, mais réellement. Un DVD, des expositions, de nouvelles peintures comme par exemple pour le 50ème anniversaire de la poupée Barbie, un documentaire et en 2015 l’affiche promotionnelle de Star Wars : Le réveil de la Force, sans oublier en janvier 2019, la création de trois affiches distinctes pour la trilogie du film How To Train Your Dragon.
Drew est aujourd’hui en retraite, en tout cas plus qu’il y a quelques années et il continue à peindre. Il peint différemment maintenant, il peint pour lui, pour sa propre inspiration. C’est vrai qu’il l'a toujours fait, chaque fois qu’il n'avait pas de date limite il prenait la peinture et les crayons et il faisait quelque chose qui lui plaisait. La différence, c’est que maintenant, il peut le faire à plein temps. Il n’est plus inspiré par les films mais par les choses qu’il aime. Il ne l'a pas fait depuis 50 ans, mais maintenant, il va peindre ce qu’il veut.
Drew Struzan vit à Pasadena en Californie avec son épouse Dylan.

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