BEKSINSKI Zdzislaw

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Zdzislaw Beksinski est né le 24 février 1929 à Sanok, petite ville aux confins sud-est de la Pologne. Son père est géodésien et géomètre, son grand-père entrepreneur en bâtiment et son arrière-grand-père, Mathieu, insurgé de 1863, fondateur d'une usine de wagons. Sous l'Occupation allemande Beksinski poursuit ses études secondaires d'abord dans un collège de commerce, puis dans un lycée clandestin. En 1947, après la Libération, il entre, sous la pression de son père, à la Faculté d'Architecture de l'Académie des Aciéries et des Mines de Cracovie. En 1951, il se marie avec mademoiselle Sophie Stankiewicz et en 1952 obtient son diplôme d'architecte. Dans le cadre de l'obligation de travail qui s'impose alors aux jeunes diplômés, nous sommes dans les années de reconstruction de la Pologne, il commence à travailler dans une entreprise du bâtiment pour surveiller les chantiers. De cette période il garde le souvenir pénible d'un métier pratiqué à contrecoeur et exclusivement dans le secteur dit de "l'exécution", comme fouetteur d'esclaves sur des chantiers.
Bien qu'il dessine depuis son enfance, c'est en 1953 qu'il commence à s'y adonner sérieusement, ainsi qu'à la photographie, à la peinture et à la sculpture pour préparer ainsi la voie de sortie d'un métier qu'il n'aime pas. En 1958 nait son fils unique Thomas. La même année a lieu à Poznan sa première exposition de travaux plastiques et notamment, des reliefs abstraits. A cette époque il fait encore partie de l'Association Polonaise des Artistes Photographes et participe à de nombreuses expositions photographiques en Pologne et à l'étranger. Au début des années 1960 il abandonne la photographie et dans ses travaux plastiques rompt avec l'avant-garde. A rebours de son travail sculptural fait d’abstractions, ses premières "huiles" ne tolèrent que la figuration sur laquelle il se focalisera d'ailleurs jusqu'à sa mort. Cette rupture sera ressentie par certains comme une trahison, tant son oeuvre de jeunesse a suscité d'espoir parmi les partisans de l'art abstrait. Mais c'est aussi ce rapprochement avec l'expressionnisme fantastique, révélé par une exposition en 1972 organisée par Monsieur et Madame Bogucki à la galerie "Contemporaine" à Varsovie, qui le fera connaître du grand public.
L’œuvre de Beksinski peut difficilement laisser le spectateur indifférent, elle se définit par un expressionnisme exubérant qui centralise la polémique. Cette polémique atteindra son apogée en 1975 lorsqu'à la suite d'un sondage organisé parmi les critiques d'art il deviendra "le peintre du trentenaire de la Pologne libérée" grâce aux votes de certains participants qui lui accorderont presque toutes leurs voix, les fervents défenseurs de son art, alors que d'autres refuseront de lui en donner une seule, ceux marqués par le dégoût de cette représentation humaine....
Si en 1977 il quitte Sanok pour Varsovie c'est paradoxalement pour mieux encore se couper du monde car la célébrité dont il est désormais entouré dans sa ville natale lui pèse. En s'installant dans la capitale polonaise il espère se fondre dans l'anonymat d'une grande métropole. Malgré la curiosité qu'il suscite il refuse de participer à toute manifestation, n'accepte ni prix, ni médaille, n'expose pratiquement plus et ne reçoit qu'un ou deux journalistes par an pour leur accorder une interview où il n'aborde jamais l'actualité. Son caractère particulier fait de lui un artiste anachorète vivant en marge de son temps.
Personnage charismatique et d'une grande profondeur d'esprit Beksinski n'a jamais quitté la Pologne, ne parle aucune langue étrangère et n'appartient à aucun groupement idéologique. Il hait et méprise la politique. Son œuvre artistique manifeste des préoccupations qui sont siennes, s’éloignant des recherches des autres artistes. Ses œuvres sont datées et signées au dos, mais ne porte aucun titre.
Zdzislaw Beksinski avait donc fait le choix de se consacrer à sa peinture et uniquement à sa peinture. S’il était revenu depuis 1990 à une œuvre plus ascétique, son objectif était resté le même. Quand le spectateur se trouve face à une de ses oeuvres, elle doit être pour lui l'expression d'une chose belle. Au lieu d'y chercher impérativement une explication psychanalytique, Beksinski préfère qu'on "ressente" sa peinture car son premier désir consiste à créer des oeuvres belles ouvrant sur un monde imaginaire, fantastique. Le but suprême de sa création a toujours été d'arriver à une photographie du rêve et s’il s'est efforcé tout au long de sa vie de progresser sur le plan technique c'est seulement pour s'approcher de l'idéal, être en mesure de photographier les songes.
Il a été assassiné de 17 coups de couteau dans son appartement du quartier de Mokotow à Varsovie, dans la nuit du 21 au 22 février 2005, par le fils de 19 ans de sa femme de ménage et de son homme à tout faire, pour une vulgaire histoire d’argent.
Les oeuvres de cette figure de l'art fantastique polonais, qui dans les dernières années de son exis-tence s'est intéressée au graphisme informatique, figurent dans les collections des Musées de Wroclaw, Varsovie, Sanok (Musée Historique), Osaka (Toh-Ou Museum) et Paris (Galerie Dmochowski). Plusieurs artbooks lui ont été consacrés les principaux étant, Zdzislaw Beksinski publié chez Arcady en 1989, Beksinski : Peintures (Visions) en français chez Ramsay en 1991, The Fantastic art of Beksinski chez Morpheus en 1998 et Zdzisław Beksinski 1929–2005 chez Bosz en 2011.